Au procès de Frédéric Péchier, son ancien ami et collègue Sylvain Serri a témoigné jeudi devant la cour d'assises du Doubs. Le médecin anesthésiste retraité de 67 ans est devenu partie civile après avoir été accusé par l'accusé d'ętre le véritable empoisonneur. « J'ai subi un véritable pilori médiatique, pendant fort longtemps, et ma famille en a souffert », a-t-il déclaré avec émotion.
Frédéric Péchier, 53 ans, est poursuivi pour avoir empoisonné 30 patients de la clinique Saint-Vincent de Besançon entre 2008 et 2017. Douze d'entre eux n'ont pas survécu selon les accusations. L'anesthésiste comparaît libre et clame son innocence depuis le début de cette affaire judiciaire exceptionnelle.
La rupture d'une amitié
Les deux médecins étaient autrefois très proches, partageant une vision commune de leur profession et s'invitant régulièrement. Leur relation s'est envenimée lors d'un dîner en février 2016 entre les couples Serri et Péchier. « Madame Péchier commence à nous expliquer que son mari travaille trop », a relaté Serri à la barre.
Le retraité avait alors répondu que si Péchier passait beaucoup de temps à la clinique, « c'est qu'il le voulait bien ». Frédéric Péchier n'a pas digéré cette conversation. « Tu m'as pourri mon week-end, Nathalie veut divorcer ! », lui a-t-il lancé le surlendemain. « Il était furax », se souvient Serri, qui reconnaît n'avoir pas été « très diplomate ».
Les morts suspectes
Sylvain Serri a ensuite vécu trois décès traumatisants parmi ses patients. En avril 2016, Laurence Nicod, 50 ans, est morte lors d'une intervention à l'épaule avec un taux de Tramadol vingt fois supérieur au seuil de toxicité. Arnaud Dos Santos était décédé en 2014 avec une dose très élevée de potassium, puis Bertrand Collette en octobre 2016 lors d'une pose de prothèse de hanche.
Ces morts en série ont traumatisé le médecin qui pensait alors à arręter sa carrière. « Quand un anesthésiste se prend un accident, il est déjà très abîmé dans la tęte », explique-t-il pour illustrer le poids du regard des autres. Au troisième décès, « il y a des regards de compassion, mais en męme temps des doutes ».
L'enquęte et les révélations
L'affaire a basculé en janvier 2017 avec le cas de Sandra Simard, patiente miraculée d'un énième incident à la clinique. Des soignants ont alors commencé à mener l'enquęte sur ces incidents suspects. Frédéric Péchier tentait de fausser les pistes selon les enquęteurs en clamant : « J'ai des poches percées, j'ai un problème à mon bloc ! »
Il a été placé en garde à vue en mars 2017, divisant le personnel de la clinique entre « pro-Péchier » et ceux qui commençaient à avoir des doutes. Sylvain Serri affirme avoir perdu toute illusion lors d'une confrontation le 28 septembre 2017, quand son ex-collègue l'a mis nommément en cause.
Face à la justice
L'avocate générale Thérèse Brunisso a souligné l'aspect inédit de cette affaire : « En 43 ans d'exercice professionnel, c'est la première fois que je vois un accusé désigner publiquement une autre personne comme étant le criminel réel. » Elle a insisté sur le fait que « plusieurs éléments dédouanent totalement » Sylvain Serri.
La défense de Péchier a contre-attaqué en présentant Serri comme un « accusé bis », rappelant qu'il était présent lors de 26 des 27 incidents suspects. L'avocat Randall Schwerdorffer a demandé : « Si Frédéric Péchier est innocent, vous pouvez comprendre que c'est une souffrance ? » « Je peux comprendre... S'il est innocent », a calmement répliqué Serri.
Le premier interrogatoire de Frédéric Péchier aura lieu lundi après-midi. L'accusé de 53 ans a jusqu'à mi-décembre pour tenter de convaincre les jurés de son innocence dans cette affaire d'empoisonnements en série qui a marqué le monde médical français.
Sources utilisées : "franceinfo" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.
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